Pendant toute la durée du Beethoven Festival LOVE 2013, Mélanie Rivet, qui est ma conjointe et qui me représente à Chicago, tient un journal sur son périple, empruntant au ton de la BD symphonique Ludwig (Éditions Art global/Neige-galerie) et des Lettres à l'Immortelle Bien-aimée...
[Chicago, 7 septembre 2013]
Ever Ours – Art Opening - Beethoven Festival
LOVE 2013
Cher Christian, hier soir se déroulait la grande ouverture
de l’exposition où ton Ludwig est représenté.
L’après-midi a été passé à réorganiser l’exposition. En
effet, le Hall du Merit School est finalement un peu trop petit pour le grand
nombre de tes pièces (20 en exposition en ce moment), les cinq caissons qui les
accueillent, les cinq cadres métalliques sur pieds, l’adaptation vidéo de Ludwig par TéléQuébec où l’on entend
l’Orchestre Symphonique de Gatineau et le beau présentoir du magasin général de
St-André-Avellin qui accueille le masque de Beethoven sur son beau velours
rouge… Tu fais les choses en grand, comme toujours!
Ton installation est donc mieux servie maintenant par son
emplacement dans la White Room (VIP), là où
les rêves et les peurs deviennent réalités (aux dires des responsables du
festival). Il s’agit d’une salle toute blanche, où siège une très grande
sculpture d’une machine « faiseuse d’amour » à l’aide de pastilles
colorées. Ses produits sont des petits Beethoven qui sentent le bonbon…
amusant. Il y a aussi des pièces
métalliques fort intéressantes, dont une me fait penser à nous en ce
moment : deux êtres retenus malgré eux qui tentent de se rejoindre en
tendant les bras et les jambes l’un vers l’autre… un peu comme Beethoven et son
Immortelle Bien-aimée j’imagine.
J’ai aussi été interpellée par une dame qui tient mordicus à
te suivre maintenant dans ta carrière. Elle a été impressionnée par
l’expressivité de ton travail, par ta capacité à inclure autant de qualité dans
le dessin, l’aspect graphique, la peinture, l’expression émotive, tout en
créant une narration, intrinsèque à chaque œuvre, et intrinsèque à l’ensemble
de l’œuvre, en plus des références culturelles à caractère historique et
social. Elle était vraiment subjuguée et
t’a comparée avec un très grand artiste de Chicago, mort maintenant. Elle trouvait que tu avais une virtuosité
dans ton travail égale à la sienne, ou enfin similaire. Raymond"Ray" Kakuo Yoshida (1930 – 2009). Un autre duo de femmes n’arrivait
pas à enlever leurs yeux de tes œuvres. Une des deux en particulier avait les
larmes aux yeux, saisie par l’émotion présente dans les planches. La planche
bleue de la baleine dans l’eau l’a vraiment bouleversée. -Elle avait beaucoup touché George Lepauw la
veille cette même image.- La dame me soulignait à quel point elle pouvait à la
fois la lire dans l’ensemble de la narration des pièces présentes et s’en faire
une première lecture, puis elle pouvait à nouveau la relire seule en s’en faisant
sa propre lecture, passant par son propre vécu, puis s’approchant encore plus,
elle se rendait compte que cette même œuvre portait en elle plusieurs pièces
qui racontaient ensemble une autre histoire, une autre trame émotive. Soufflée!
Elle m’a parlé longtemps. Elle a pris note de tes coordonnées et te suivra sans
doute dans ton travail à venir.
Et puis il y a eu le duo de gars. Ceux-là même qui m’ont grandement aidée avec le montage de l’exposition, deux musiciens classiques sympas. Je les entendais discuter à propos du fait que les « comics books » n’étaient pas leur genre, mais que ce qu’ils voyaient sous leur yeux était à la fois de l’art et de la bande dessinée, mais que cette fois, ils trouvaient cela pas mal bon… Un peu surpris eux-mêmes de se laisser séduire par ce type d’art (BD) qu’ils semblaient trouver plutôt populaire, donc loin de susciter leur considération. Tu les as bousculés! ;) Je suis certaine que tu aimes bien cela!
Voilà, la soirée a été rafraîchissante. Les gens d’ici, sans
te connaître, et sans t’avoir sous les yeux, apprécient ton travail et le
montrent ouvertement. Le fait que tu sois si loin en ce moment, le fait que je
me sois déplacée pour apporter l’exposition et te représenter, le fait que les
exemplaires du livre sont rares sur place, le fait que c’est une première
mondiale pour ce projet… tout cela allume et suscite un intérêt mystérieux,
particulier.
Mélanie Rivet et Catinca Tabacaru. |
J’aurais aimé que tu sois là, toi aussi, je sais. J’ai pris
des photos pour tenter de te faire vivre l’expérience, bien que ce soit de
pâles copies de ce que j’observais… cela te donne un peu le ton. Mais tu sais,
le rapport entre celui qui regarde une de tes planches, ou la vidéo, et l’œuvre
dite, est si intime, que je me sens vraiment voyeuse de les prendre en photo
pendant qu’ils se laissent aller dans cette expérience artistique. Je prends
donc peu de photos de regardant, et toujours de plutôt loin, ou en angle, pour
ne pas interrompre leur coït.
Avant toute cette belle soirée, qui s’est terminée par une
performance multimédia extraordinaire par Rachel Monosov, artiste en résidence,
j’ai fait une rencontre riche avec la directrice de l’Alliance Française de
Chicago. Elle est emballée par ton travail, notre démarche, notre approche. Elle
t’offre plusieurs occasions de présenter ton livre et tes œuvres, et tes
projets à venir, et serait heureuse de recevoir l’éditeur Art Global au cours
d’un Festival de la francophonie pour lequel elle cherche un important éditeur
francophone. Je crois qu’une belle
collaboration est en train de s’installer, nous aurons peut-être un pied à
terre artistique toi et moi ici… ;) Pourquoi pas? Elle m’invite aussi dans
quelques jours à faire une performance de slam poésie lors d’une case culture
qu’elle offre aux gens qui fréquentent l’Alliance. Je me délecte à l’avance,
leur environnement est très inspirant, leur salle d’exposition, leur jardin,
leur auditorium. Tout appelle aux projets.
Voilà, je m’arrête ici, je dois me reposer puis me préparer
au Bal Masqué de ce soir qui commence dans à peine une heure trente.
Je t’embrasse et suis avec toi, ici et là-bas.
Ever yours, ever ours.
Mélanie
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