Pour aller dans le sens des démagogues des derniers jours, la question de l'heure est la suivante : que va-t-il arriver à la croix sur le fleurdelisé?
vendredi 13 septembre 2013
jeudi 12 septembre 2013
Beethoven LOVE 2013 (Chicago) jour 6
-Chicago, 12 septembre 2013-
Si bon que je voudrais le savourer encore longtemps...
Non mon amour, je ne parle pas de toi et moi, si loin en ce moment, ce n'est pas l'endroit et le moment pour le faire... Rêvons encore un peu l'un à l'autre jusqu'à mon retour.
Je parle de cette magnifique nourriture que je suis en train de manger, ce sandwich Ruben au seitan et légumes, cette salade Jerry's remplie d'avocats et de tomates, et cette soupe à la courge... Un vrai délice qui éveille tous mes sens, dans cette superbe découverte du jour, un endroit formidable que ce Kary's in green, au 130 S. Green St. Chicago. www.karynsongreen.com.
Le lieu est magnifiquement zen, beau et épuré, calme, l'accueil chaleureux et discret, la nourriture... À me faire fondre littéralement de bonheur, et le vin finement choisi! Que demander de plus? Toi, ici, à mes côtés. Mais comme tu vois, je fais de mauvaise fortune bonne foi, et j'ai invité ton Ludwig à manger avec moi. Cet endroit lui sied à merveille. Tu vois la dame en blanc au centre du miroir: c'est moi!;) lui est affalé sur la table, non-chalent. ;)
-la fougue du français!-
Si bon que... C'est aussi l'interprétation de George Lepauw hier, entre autre avec ce compositeur français : Jean-Philippe Rameau. Un plaisir fou à entendre le piano de Lepauw nous faire des clins d'oeil, nous amener longer la seine ou faire la fête dans un petit cabaret avec ses notes qui virevoltaient! Quel plaisir aussi que cette rencontre avec Jory, ce musicien exceptionnel et si sympa qui nous expliquait sa démarche, mais surtout son instrument, le clavecin, et son répertoire avec la passion d'un enfant devant un gâteau mais la connaissance d'un érudit hors pair! Vivement l'entendre jouer plus longuement aujourd'hui.
-drame: 14 ex-libris disparus!-
J'ai été horrifiée d'apprendre que 14 des ex-libris numérotés et signés que j'ai amenés de ta création sur le festival ont été volés! Les gens s'arrachent tes images... Ils pourraient au moins avoir le culot d'en payer la valeur! Il n'en reste qu'un en ce moment à la boutique, l'autre a été réservé par la directrice des arts. Mais bonne nouvelle: les exemplaires du livres s'envolent aussi, mais les gens se les procurent de façon officielle... ;) ouf!
Et voilà que mon café arrive! Mais quelle splendeur!
Je te reviens plus tard cher amour, je vais déguster une crème brûlée à ta santé chez Karen's green... Mmmmm
Ta Mel.
[Si bon que j'en ai les larmes aux yeux]
Si bon que je voudrais le savourer encore longtemps...
Non mon amour, je ne parle pas de toi et moi, si loin en ce moment, ce n'est pas l'endroit et le moment pour le faire... Rêvons encore un peu l'un à l'autre jusqu'à mon retour.
Je parle de cette magnifique nourriture que je suis en train de manger, ce sandwich Ruben au seitan et légumes, cette salade Jerry's remplie d'avocats et de tomates, et cette soupe à la courge... Un vrai délice qui éveille tous mes sens, dans cette superbe découverte du jour, un endroit formidable que ce Kary's in green, au 130 S. Green St. Chicago. www.karynsongreen.com.
George Lepauw au piano. |
-la fougue du français!-
Si bon que... C'est aussi l'interprétation de George Lepauw hier, entre autre avec ce compositeur français : Jean-Philippe Rameau. Un plaisir fou à entendre le piano de Lepauw nous faire des clins d'oeil, nous amener longer la seine ou faire la fête dans un petit cabaret avec ses notes qui virevoltaient! Quel plaisir aussi que cette rencontre avec Jory, ce musicien exceptionnel et si sympa qui nous expliquait sa démarche, mais surtout son instrument, le clavecin, et son répertoire avec la passion d'un enfant devant un gâteau mais la connaissance d'un érudit hors pair! Vivement l'entendre jouer plus longuement aujourd'hui.
Satisfaction du devoir accomplit hier: deux exemplaires de Ludwig sont entre les mains des critiques littéraires du Chicago Tribune et du Sun-Times. Les journaux ont parlé positivement du festival dans son ensemble, un vrai tour de force ce festival d'une ampleur et d'une qualité exceptionnelles, mais porté par une petite équipe comme une vraie fourmilière. Est-ce que cela fait de George la reine? Hihi!
-drame: 14 ex-libris disparus!-
J'ai été horrifiée d'apprendre que 14 des ex-libris numérotés et signés que j'ai amenés de ta création sur le festival ont été volés! Les gens s'arrachent tes images... Ils pourraient au moins avoir le culot d'en payer la valeur! Il n'en reste qu'un en ce moment à la boutique, l'autre a été réservé par la directrice des arts. Mais bonne nouvelle: les exemplaires du livres s'envolent aussi, mais les gens se les procurent de façon officielle... ;) ouf!
Et voilà que mon café arrive! Mais quelle splendeur!
Je te reviens plus tard cher amour, je vais déguster une crème brûlée à ta santé chez Karen's green... Mmmmm
Ta Mel.
mercredi 11 septembre 2013
Beethoven LOVE 2013 (Chicago) jour 5
Pendant toute la durée du Beethoven Festival LOVE 2013, Mélanie Rivet, qui est ma conjointe et qui me représente à Chicago, tient un journal sur son périple, empruntant au ton de la BD symphonique Ludwig (Éditions Art global/Neige-galerie) et des Lettres à l'Immortelle Bien-aimée...
[mardi 10 septembre, Chicago, 11:21]
"À la Carravaggio!"
À la manière de Caravage, c'est un peu la façon que je vis ce voyage, cher Christian. D'ombres et de lumières, comme dirait Dominique Laurent. Mais comme chez Vermeer, il y a une fine beauté à ces ombrages colorés, et je tente de les savourer.
Aujourd'hui, je vais te parler de nouvelles rencontres artistiques qui m'ont nourrie, question de les cristalliser. Tout d'abord, Garsot, dimanche soir. Revenant du petit restaurant mexicain du coin, buritos à la main, (et oui, il n'y a pas que le grec après tout!), j'ai découvert sa galerie tout près du Parthon Hostel où je loge sur Halsted. J'avais besoin de lumière, et, malgré l'heure tardive, je l'ai trouvée! Ses œuvres sont dynamiques, lumineuses, à première vue un peu naïves... Et malgré la palette de couleurs qui est assez loin de ce qui m'interpelle habituellement, elles m'ont tout de suite fait du bien. Il passe du dripping, à la manière de Pollock, avec des matières très denses et lustrées, dans une composition mis abstraite mi figurative, vers Dali, et Picasso tout en un, par des sujets voisins aux leurs et une composition un brin constructiviste. Parfois le détail, la transparence et la finesse me rappellent même Botticelli, d'autre fois il y a un kitch américain épouvantable (une œuvre sur Michael Jackson). Mais tout cela dans la bonne humeur, avec un espoir débordant. Tout à fait ce dont j'avais besoin. Garsot est un artiste de métier, qui peint, expose et vend depuis belle lurette. Il a son style, et l'entendre exprimer le processus de création de chacune de ses œuvres est un vrai petit bonheur pour moi. Il crée aussi de la musique, il m'a d'ailleurs gentiment offert un cd, que je ne peux lire puisque je n'ai pas accès à un lecteur. Bref, une très belle rencontre. Je lui ai montré ton livre Ludwig, je voyais en son travail et le tien quelques similitudes de composition parfois, en plus de la recherche de la lumière. Il a apprécié. C'était bon de le voir lire ton livre, s'attardant sur certaines pages avec son doigt, parcourant de l'index l'espace de l'image que balayait son regard. J'ai pu voir qu'il te lisait, il suivait le fil inhérent à chaque composition. Fascinant. Il a apprécié la qualité de ta technique. La planche 6:33, où la Cathédrale St-Paul sert de chapeau à Beethoven et où l'on voit une voiture des années 20 l'a particulièrement interpellé. Parlant de voitures, deux belles d'autrefois ont pris le temps de se faire admirer près du lieu du festival, je t'envoie les photos, je vois que je n'ai pas accès à internet ici pour le moment, alors je devrai attendre un peu que le signal revienne.
Ensuite, il y a eu Spencer Hutchison. Bien que je le côtoie depuis les premiers jours du festival, puisque nous partageons la même salle où il tient une performance sonore, hier pendant le concert de 18 h il m'a vue écrire et nous nous avons échangé des liens vers nos créations respectives. Il crée surtout de la musique électronique en ce moment, mais c'est aussi un peintre, et il écrit de la poésie. C'est un très bon ami d'Aurélien, le directeur musical du festival, et ami de George Lepauw aussi je crois. Il sera absent pour le reste du festival alors je suis bien contente d'avoir pu échanger avec lui. Sa musique, que j'écoutais hier soir sur le net, est relaxante et enveloppante. Tout à fait idéale pour écrire. Il est francophile alors nous avons échangé tour à tour en français et en anglais. Ses œuvres picturales sont particulières, très modernes. J'ai apprécié celle qui est titrée A Tribute to Black Actresses car il y a des textures, collages, techniques que j'aime, mais aussi une étrange expressivité, une prise de parole en image, dans les regards, qui me met un peu dans l'atmosphère de l'exposition sur le vaudou que j'ai visitée avec le conservateur du Musée Canadien des civilisations... Legacy, une autre de ses toiles, me plait bien, mais je crois que le format web n'est pas le meilleur pour apprécier adéquatement son travail.
Finalement, nous avons eu le bonheur d'entendre une artiste extra (Jyl Bonaguro) nous parler de son installation de sculptures itinérantes hier. Elle a conçu son travail à propos de la mouvance des relations interpersonnelles par deux corps (têtes fracturées et torses) qui sont positionnés presque l'un vers l'autre, par terre, en plusieurs répliques, et ces installations bougent, c'est-à-dire qu'elles changent d'endroit tous les jours. Démontrant ainsi la mouvance des relations. Le feeling est vraiment là. Pour les avoir vues déjà à au moins trois endroits différents depuis le début du festival, et moi qui ne suis pas tout à fait la même car chaque seconde vécue nous transforme un peu. .. Cette installation m'en fait prendre pleinement conscience! Je peux confirmer que sa démarche est très efficace!
J'ai aussi mis les pieds hier au Haymarket, pub and theater, juste un peu plus au nord que mon hôtel sur Halsted.Il y avait une soirée de slam story telling. Assez chouette, mais c'était bondé et je n'ai pu rester bien longtemps pour en profiter, debout pendant trop longtemps sur place est difficile pour Mon cher dos. Mais j'ai vraiment pu voir là la différence de culture. C'est la première fois depuis mon arrivée que je réalise pleinement que je suis aux États-Unis, avec un autre peuple que le mien. Ce qui est amusant, c'est que j'ai appris ce matin que ce sera Julie Dirwimer, une canadienne d'origine française, qui représentera le Québec à la coupe du monde en France cette année! Le monde dans le creux de nos mains!;)
En passant, ici plusieurs artistes et musiciens rêvent de Montréal , ils la voient pleine de promesses et agréable, stimulante, riche... Un peu comme bien des artistes de chez nous rêvent de New York. La cour du voisin, éternelle objet de convoitise ;)
Voilà, je conclus cette lettre en te disant que j'apprécie chaque seconde où nous avons la chance d'échanger tous les deux, que ce soit de façon plus personnelle, à propos du voyage, de ton travail exposé ici ou de celui que tu es en train de faire... Je file, beaucoup de travail m'attends. Tu es avec moi.
Avec tout mon amour, je file vers la lumière de la mi-journée dans la belle Chicago!
Mélanie
Œuvre de Jyl Bonaguro. |
"À la Carravaggio!"
Ludwig, planche 6:33 |
Aujourd'hui, je vais te parler de nouvelles rencontres artistiques qui m'ont nourrie, question de les cristalliser. Tout d'abord, Garsot, dimanche soir. Revenant du petit restaurant mexicain du coin, buritos à la main, (et oui, il n'y a pas que le grec après tout!), j'ai découvert sa galerie tout près du Parthon Hostel où je loge sur Halsted. J'avais besoin de lumière, et, malgré l'heure tardive, je l'ai trouvée! Ses œuvres sont dynamiques, lumineuses, à première vue un peu naïves... Et malgré la palette de couleurs qui est assez loin de ce qui m'interpelle habituellement, elles m'ont tout de suite fait du bien. Il passe du dripping, à la manière de Pollock, avec des matières très denses et lustrées, dans une composition mis abstraite mi figurative, vers Dali, et Picasso tout en un, par des sujets voisins aux leurs et une composition un brin constructiviste. Parfois le détail, la transparence et la finesse me rappellent même Botticelli, d'autre fois il y a un kitch américain épouvantable (une œuvre sur Michael Jackson). Mais tout cela dans la bonne humeur, avec un espoir débordant. Tout à fait ce dont j'avais besoin. Garsot est un artiste de métier, qui peint, expose et vend depuis belle lurette. Il a son style, et l'entendre exprimer le processus de création de chacune de ses œuvres est un vrai petit bonheur pour moi. Il crée aussi de la musique, il m'a d'ailleurs gentiment offert un cd, que je ne peux lire puisque je n'ai pas accès à un lecteur. Bref, une très belle rencontre. Je lui ai montré ton livre Ludwig, je voyais en son travail et le tien quelques similitudes de composition parfois, en plus de la recherche de la lumière. Il a apprécié. C'était bon de le voir lire ton livre, s'attardant sur certaines pages avec son doigt, parcourant de l'index l'espace de l'image que balayait son regard. J'ai pu voir qu'il te lisait, il suivait le fil inhérent à chaque composition. Fascinant. Il a apprécié la qualité de ta technique. La planche 6:33, où la Cathédrale St-Paul sert de chapeau à Beethoven et où l'on voit une voiture des années 20 l'a particulièrement interpellé. Parlant de voitures, deux belles d'autrefois ont pris le temps de se faire admirer près du lieu du festival, je t'envoie les photos, je vois que je n'ai pas accès à internet ici pour le moment, alors je devrai attendre un peu que le signal revienne.
Le quartier grec. |
Un tableau de Garsot. |
Garsot et Mélanie Rivet. |
Ensuite, il y a eu Spencer Hutchison. Bien que je le côtoie depuis les premiers jours du festival, puisque nous partageons la même salle où il tient une performance sonore, hier pendant le concert de 18 h il m'a vue écrire et nous nous avons échangé des liens vers nos créations respectives. Il crée surtout de la musique électronique en ce moment, mais c'est aussi un peintre, et il écrit de la poésie. C'est un très bon ami d'Aurélien, le directeur musical du festival, et ami de George Lepauw aussi je crois. Il sera absent pour le reste du festival alors je suis bien contente d'avoir pu échanger avec lui. Sa musique, que j'écoutais hier soir sur le net, est relaxante et enveloppante. Tout à fait idéale pour écrire. Il est francophile alors nous avons échangé tour à tour en français et en anglais. Ses œuvres picturales sont particulières, très modernes. J'ai apprécié celle qui est titrée A Tribute to Black Actresses car il y a des textures, collages, techniques que j'aime, mais aussi une étrange expressivité, une prise de parole en image, dans les regards, qui me met un peu dans l'atmosphère de l'exposition sur le vaudou que j'ai visitée avec le conservateur du Musée Canadien des civilisations... Legacy, une autre de ses toiles, me plait bien, mais je crois que le format web n'est pas le meilleur pour apprécier adéquatement son travail.
Finalement, nous avons eu le bonheur d'entendre une artiste extra (Jyl Bonaguro) nous parler de son installation de sculptures itinérantes hier. Elle a conçu son travail à propos de la mouvance des relations interpersonnelles par deux corps (têtes fracturées et torses) qui sont positionnés presque l'un vers l'autre, par terre, en plusieurs répliques, et ces installations bougent, c'est-à-dire qu'elles changent d'endroit tous les jours. Démontrant ainsi la mouvance des relations. Le feeling est vraiment là. Pour les avoir vues déjà à au moins trois endroits différents depuis le début du festival, et moi qui ne suis pas tout à fait la même car chaque seconde vécue nous transforme un peu. .. Cette installation m'en fait prendre pleinement conscience! Je peux confirmer que sa démarche est très efficace!
J'ai aussi mis les pieds hier au Haymarket, pub and theater, juste un peu plus au nord que mon hôtel sur Halsted.Il y avait une soirée de slam story telling. Assez chouette, mais c'était bondé et je n'ai pu rester bien longtemps pour en profiter, debout pendant trop longtemps sur place est difficile pour Mon cher dos. Mais j'ai vraiment pu voir là la différence de culture. C'est la première fois depuis mon arrivée que je réalise pleinement que je suis aux États-Unis, avec un autre peuple que le mien. Ce qui est amusant, c'est que j'ai appris ce matin que ce sera Julie Dirwimer, une canadienne d'origine française, qui représentera le Québec à la coupe du monde en France cette année! Le monde dans le creux de nos mains!;)
En passant, ici plusieurs artistes et musiciens rêvent de Montréal , ils la voient pleine de promesses et agréable, stimulante, riche... Un peu comme bien des artistes de chez nous rêvent de New York. La cour du voisin, éternelle objet de convoitise ;)
Voilà, je conclus cette lettre en te disant que j'apprécie chaque seconde où nous avons la chance d'échanger tous les deux, que ce soit de façon plus personnelle, à propos du voyage, de ton travail exposé ici ou de celui que tu es en train de faire... Je file, beaucoup de travail m'attends. Tu es avec moi.
Avec tout mon amour, je file vers la lumière de la mi-journée dans la belle Chicago!
Mélanie
mardi 10 septembre 2013
Beethoven LOVE 2013 (Chicago) jour 4
Pendant toute la durée du Beethoven Festival LOVE 2013, Mélanie Rivet, qui est ma conjointe et qui me représente à Chicago, tient un journal sur son périple, empruntant au ton de la BD symphonique Ludwig (Éditions Art global/Neige-galerie) et des Lettres à l'Immortelle Bien-aimée...
En ce lundi, beaucoup de problèmes techniques ont été résolus et plusieurs concerts se sont tenus, dont un, Consuming Love, mettant en vedette George Lepauw (piano), Nikki Chooi (violon), Matthew Lipman (violon), Gabriel Caberzas (violoncelle), ce qui a inspiré Mélanie :
Je...
Tu...
Mais!!!
-au ventre- le feu-
Mes yeux volent
Et puis tes doigts longent mon cou
Ton souffle déplace ma mèche de cheveux
-sur la pointe des pieds, je quitte la pièce
qui tournoie
-volière de papillons aux ailes si grandes
Qui s'entre collent pour ne former q'un papillon immense
Au moteur libellule
Puis -la rivière nous envahit
Son flot se répercute -
[...]
Tensions sur la peau
Poumons figés
Je ferme les yeux
Entrouvre la bouche
-tu n'es plus là!
dimanche 8 septembre 2013
Beethoven LOVE 2013 (Chicago) jour 3
Pendant toute la durée du Beethoven Festival LOVE 2013, Mélanie Rivet, qui est ma conjointe et qui me représente à Chicago, tient un journal sur son périple, empruntant au ton de la BD symphonique Ludwig (Éditions Art global/Neige-galerie) et des Lettres à l'Immortelle Bien-aimée...
[Chicago, 8 septembre 2013]
Masquarade party
Bonjour cher artiste adoré,
C'est plutôt tranquille en ce moment dans la White Room puisque tout le monde écoute le concert de George Lepauw et un tenor dont le nom m'échappe dans le Ludwig's Salon. J'en ai moi-même écouté une partie, mais je dois encore régler un petit problème technique avec le son de la vidéo maintenant. J'attends pour ce faire un technicien qui a aidé hier. Beaucoup de péripéties ont entouré et continuent d'entourer l'exposition, mais elle en vaut vraiment la peine!
Hier soir se tenait le Bal "Masquarade party" et cela a amené beaucoup d'amoureux de Beethoven vers ton Ludwig. J'estime à environ deux cents personnes le nombre de visiteurs hier soir, la veille ils étaient autour de 80, donc près de trois cents personnes ont à ce jour côtoyé tes oeuvres et ton livre. Plus celles de l'après midi qui se déroule.
Parmi eux, un charmant couple dans la soixantaine qui s'est assis sur le banc du piano à queue, voisin de l'espace de la vidéo, pour regarder et écouter attentivement l'ensemble du travail que Michel Lafrenière de TéléQuébec et toi avez réalisé. Ils ont apprécié chaque minute, et j'ai l'impression, tu seras heureux de l'apprendre, qu'ils ont saisi en profondeur ta démarche et l'ensemble du travail que tu as accompli. La dame faisait remarquer à son mari ta façon de déconstruire et de reconstruire les éléments dans tes images. Tous les deux étaient saisis de la justesse de la symbiose de la musique avec la vidéo et les images. Quand je leur ai dit que tu avais construit l'ensemble de ton récit sur la musique, cela semblait une évidence même pour eux. Je suis contente de te rapporter leurs paroles, mais comme j'aurais aimé que tu puisses les rencontrer et jaser avec eux, vous en auriez eu pour longtemps à partager je crois... Enfin, tu auras ce bonheur bientôt à Gatineau et à Montréal.
Ta présence nous manque, à Ludwig et moi...Enfin! Ne tombons pas dans la mélancolie, notre amour est si fort que nous pouvons traverser ces émotions ensemble et nous retrouver bientôt.
Le masque de Beethoven a suscité beaucoup de réactions hier soir pendant le bal masqué. Un amoureux fanatique de Beethoven tremblait littéralement de joie de le voir là. Tu procures beaucoup de joie à bien des gens tu sais?
Beaucoup d'autres personnes sont passées se délecter de tes oeuvres, comme mes photos le montrent. Quelle joie!
Pour ma part j'ai beaucoup dansé, je me suis bien amusée, peut-être un peu trop? Ce matin mes pieds et ma fatigue en témoignent... Tous les directeurs et bénévoles du festival étaient fidèles à leur poste tôt ce matin malgré la fête qui s'est tenue jusqu'aux petites heures.
Je te voyais partout pendant la fête, c'est d'abord le coeur lourd que j'ai siroté mon premier verre de vin rouge, pensant qu'il aurait été si bon de le partager avec toi... Puis, j'ai décidé de profiter de ma soirée et fêter ton succès!
Cet après-midi les gens qui sortiront du concert passeront pour la plupart par l'exposition, déjà quelques-uns circulent. Un visiteur s'est montré vivement intéressé par l'ensemble du projet, le fait que la musique soit liée à la vidéo, aux planches, et le fait que le livre contienne toutes ces planches exposées. La richesse et la complexité du projet l'a surpris. Il m'a demandé qui jouait du piano sur l'enregistrement et qui faisait l'ensemble de la musique. C'est avec joie que j'ai parlé de l'Orchestre symphonique de Gatineau, d'Yves Léveillé et de Marie-Charline Foccroulle au piano.
J'attends depuis longtemps maintenant le technicien, ce qui m'a donné la chance de t'écrire, mais je manque tous les concerts, quel dommage!
Je t'embrasse, et je pense à toi!
Love
Mel
Catinca Tabacaru devant la vidéo de Michel Lafrenière (TéléQuébec). |
George Lepauw, fondateur et directeur du Beethoven festival, et Mélanie Rivet lors du Bal costumé. |
[Chicago, 8 septembre 2013]
Masquarade party
Bonjour cher artiste adoré,
C'est plutôt tranquille en ce moment dans la White Room puisque tout le monde écoute le concert de George Lepauw et un tenor dont le nom m'échappe dans le Ludwig's Salon. J'en ai moi-même écouté une partie, mais je dois encore régler un petit problème technique avec le son de la vidéo maintenant. J'attends pour ce faire un technicien qui a aidé hier. Beaucoup de péripéties ont entouré et continuent d'entourer l'exposition, mais elle en vaut vraiment la peine!
Hier soir se tenait le Bal "Masquarade party" et cela a amené beaucoup d'amoureux de Beethoven vers ton Ludwig. J'estime à environ deux cents personnes le nombre de visiteurs hier soir, la veille ils étaient autour de 80, donc près de trois cents personnes ont à ce jour côtoyé tes oeuvres et ton livre. Plus celles de l'après midi qui se déroule.
Parmi eux, un charmant couple dans la soixantaine qui s'est assis sur le banc du piano à queue, voisin de l'espace de la vidéo, pour regarder et écouter attentivement l'ensemble du travail que Michel Lafrenière de TéléQuébec et toi avez réalisé. Ils ont apprécié chaque minute, et j'ai l'impression, tu seras heureux de l'apprendre, qu'ils ont saisi en profondeur ta démarche et l'ensemble du travail que tu as accompli. La dame faisait remarquer à son mari ta façon de déconstruire et de reconstruire les éléments dans tes images. Tous les deux étaient saisis de la justesse de la symbiose de la musique avec la vidéo et les images. Quand je leur ai dit que tu avais construit l'ensemble de ton récit sur la musique, cela semblait une évidence même pour eux. Je suis contente de te rapporter leurs paroles, mais comme j'aurais aimé que tu puisses les rencontrer et jaser avec eux, vous en auriez eu pour longtemps à partager je crois... Enfin, tu auras ce bonheur bientôt à Gatineau et à Montréal.
Ta présence nous manque, à Ludwig et moi...Enfin! Ne tombons pas dans la mélancolie, notre amour est si fort que nous pouvons traverser ces émotions ensemble et nous retrouver bientôt.
Le masque de Beethoven a suscité beaucoup de réactions hier soir pendant le bal masqué. Un amoureux fanatique de Beethoven tremblait littéralement de joie de le voir là. Tu procures beaucoup de joie à bien des gens tu sais?
Beaucoup d'autres personnes sont passées se délecter de tes oeuvres, comme mes photos le montrent. Quelle joie!
Pour ma part j'ai beaucoup dansé, je me suis bien amusée, peut-être un peu trop? Ce matin mes pieds et ma fatigue en témoignent... Tous les directeurs et bénévoles du festival étaient fidèles à leur poste tôt ce matin malgré la fête qui s'est tenue jusqu'aux petites heures.
Je te voyais partout pendant la fête, c'est d'abord le coeur lourd que j'ai siroté mon premier verre de vin rouge, pensant qu'il aurait été si bon de le partager avec toi... Puis, j'ai décidé de profiter de ma soirée et fêter ton succès!
Cet après-midi les gens qui sortiront du concert passeront pour la plupart par l'exposition, déjà quelques-uns circulent. Un visiteur s'est montré vivement intéressé par l'ensemble du projet, le fait que la musique soit liée à la vidéo, aux planches, et le fait que le livre contienne toutes ces planches exposées. La richesse et la complexité du projet l'a surpris. Il m'a demandé qui jouait du piano sur l'enregistrement et qui faisait l'ensemble de la musique. C'est avec joie que j'ai parlé de l'Orchestre symphonique de Gatineau, d'Yves Léveillé et de Marie-Charline Foccroulle au piano.
J'attends depuis longtemps maintenant le technicien, ce qui m'a donné la chance de t'écrire, mais je manque tous les concerts, quel dommage!
Je t'embrasse, et je pense à toi!
Love
Mel
samedi 7 septembre 2013
Beethoven LOVE 2013 (Chicago) jour 2
Pendant toute la durée du Beethoven Festival LOVE 2013, Mélanie Rivet, qui est ma conjointe et qui me représente à Chicago, tient un journal sur son périple, empruntant au ton de la BD symphonique Ludwig (Éditions Art global/Neige-galerie) et des Lettres à l'Immortelle Bien-aimée...
[Chicago, 7 septembre 2013]
Ever Ours – Art Opening - Beethoven Festival
LOVE 2013
Cher Christian, hier soir se déroulait la grande ouverture
de l’exposition où ton Ludwig est représenté.
L’après-midi a été passé à réorganiser l’exposition. En
effet, le Hall du Merit School est finalement un peu trop petit pour le grand
nombre de tes pièces (20 en exposition en ce moment), les cinq caissons qui les
accueillent, les cinq cadres métalliques sur pieds, l’adaptation vidéo de Ludwig par TéléQuébec où l’on entend
l’Orchestre Symphonique de Gatineau et le beau présentoir du magasin général de
St-André-Avellin qui accueille le masque de Beethoven sur son beau velours
rouge… Tu fais les choses en grand, comme toujours!
Ton installation est donc mieux servie maintenant par son
emplacement dans la White Room (VIP), là où
les rêves et les peurs deviennent réalités (aux dires des responsables du
festival). Il s’agit d’une salle toute blanche, où siège une très grande
sculpture d’une machine « faiseuse d’amour » à l’aide de pastilles
colorées. Ses produits sont des petits Beethoven qui sentent le bonbon…
amusant. Il y a aussi des pièces
métalliques fort intéressantes, dont une me fait penser à nous en ce
moment : deux êtres retenus malgré eux qui tentent de se rejoindre en
tendant les bras et les jambes l’un vers l’autre… un peu comme Beethoven et son
Immortelle Bien-aimée j’imagine.
J’ai aussi été interpellée par une dame qui tient mordicus à
te suivre maintenant dans ta carrière. Elle a été impressionnée par
l’expressivité de ton travail, par ta capacité à inclure autant de qualité dans
le dessin, l’aspect graphique, la peinture, l’expression émotive, tout en
créant une narration, intrinsèque à chaque œuvre, et intrinsèque à l’ensemble
de l’œuvre, en plus des références culturelles à caractère historique et
social. Elle était vraiment subjuguée et
t’a comparée avec un très grand artiste de Chicago, mort maintenant. Elle trouvait que tu avais une virtuosité
dans ton travail égale à la sienne, ou enfin similaire. Raymond"Ray" Kakuo Yoshida (1930 – 2009). Un autre duo de femmes n’arrivait
pas à enlever leurs yeux de tes œuvres. Une des deux en particulier avait les
larmes aux yeux, saisie par l’émotion présente dans les planches. La planche
bleue de la baleine dans l’eau l’a vraiment bouleversée. -Elle avait beaucoup touché George Lepauw la
veille cette même image.- La dame me soulignait à quel point elle pouvait à la
fois la lire dans l’ensemble de la narration des pièces présentes et s’en faire
une première lecture, puis elle pouvait à nouveau la relire seule en s’en faisant
sa propre lecture, passant par son propre vécu, puis s’approchant encore plus,
elle se rendait compte que cette même œuvre portait en elle plusieurs pièces
qui racontaient ensemble une autre histoire, une autre trame émotive. Soufflée!
Elle m’a parlé longtemps. Elle a pris note de tes coordonnées et te suivra sans
doute dans ton travail à venir.
Et puis il y a eu le duo de gars. Ceux-là même qui m’ont grandement aidée avec le montage de l’exposition, deux musiciens classiques sympas. Je les entendais discuter à propos du fait que les « comics books » n’étaient pas leur genre, mais que ce qu’ils voyaient sous leur yeux était à la fois de l’art et de la bande dessinée, mais que cette fois, ils trouvaient cela pas mal bon… Un peu surpris eux-mêmes de se laisser séduire par ce type d’art (BD) qu’ils semblaient trouver plutôt populaire, donc loin de susciter leur considération. Tu les as bousculés! ;) Je suis certaine que tu aimes bien cela!
Voilà, la soirée a été rafraîchissante. Les gens d’ici, sans
te connaître, et sans t’avoir sous les yeux, apprécient ton travail et le
montrent ouvertement. Le fait que tu sois si loin en ce moment, le fait que je
me sois déplacée pour apporter l’exposition et te représenter, le fait que les
exemplaires du livre sont rares sur place, le fait que c’est une première
mondiale pour ce projet… tout cela allume et suscite un intérêt mystérieux,
particulier.
Mélanie Rivet et Catinca Tabacaru. |
J’aurais aimé que tu sois là, toi aussi, je sais. J’ai pris
des photos pour tenter de te faire vivre l’expérience, bien que ce soit de
pâles copies de ce que j’observais… cela te donne un peu le ton. Mais tu sais,
le rapport entre celui qui regarde une de tes planches, ou la vidéo, et l’œuvre
dite, est si intime, que je me sens vraiment voyeuse de les prendre en photo
pendant qu’ils se laissent aller dans cette expérience artistique. Je prends
donc peu de photos de regardant, et toujours de plutôt loin, ou en angle, pour
ne pas interrompre leur coït.
Avant toute cette belle soirée, qui s’est terminée par une
performance multimédia extraordinaire par Rachel Monosov, artiste en résidence,
j’ai fait une rencontre riche avec la directrice de l’Alliance Française de
Chicago. Elle est emballée par ton travail, notre démarche, notre approche. Elle
t’offre plusieurs occasions de présenter ton livre et tes œuvres, et tes
projets à venir, et serait heureuse de recevoir l’éditeur Art Global au cours
d’un Festival de la francophonie pour lequel elle cherche un important éditeur
francophone. Je crois qu’une belle
collaboration est en train de s’installer, nous aurons peut-être un pied à
terre artistique toi et moi ici… ;) Pourquoi pas? Elle m’invite aussi dans
quelques jours à faire une performance de slam poésie lors d’une case culture
qu’elle offre aux gens qui fréquentent l’Alliance. Je me délecte à l’avance,
leur environnement est très inspirant, leur salle d’exposition, leur jardin,
leur auditorium. Tout appelle aux projets.
Voilà, je m’arrête ici, je dois me reposer puis me préparer
au Bal Masqué de ce soir qui commence dans à peine une heure trente.
Je t’embrasse et suis avec toi, ici et là-bas.
Ever yours, ever ours.
Mélanie
vendredi 6 septembre 2013
Beethoven LOVE 2013 (Chicago) jour 1
Pendant toute la durée du Beethoven Festival LOVE 2013, Mélanie Rivet, qui est ma conjointe et qui me représente à Chicago, tiendra un journal sur son périple, empruntant au ton de la BD symphonique Ludwig (Éditions Art global/Neige-galerie) et des Lettres à l'Immortelle Bien-aimée...
"And the greatest of these is Love"
[6 septembre 2013, 2:08 am, Chicago]
Cher amour,
Le départ fût hâtif: 5:30 du matin, le 4 septembre. De St-André-Avellin vers Chicago, seule, enfin pas tout à fait. En compagnie de plusieurs centaines de Ludwig van Beethoven sous toutes ses coutures, créés de tes douces mains... Nous avons à peine eu le temps de partager un café, ce petit rituel que nous aimons tant!
Le soleil levant sur Ottawa, puis l'audace de l'urbaine Toronto m'ont sourit au passage. La route était belle et j'étais enthousiaste. Puis cahot, presqu'arrivée à London, Ontario, j'entends un bruit étrange dans le moteur. Tout bascule à compter de ce moment. Un morceau du moteur se détache et roule sous ma voiture, je croyais avoir perdu une roue, avoir une crevaison, mais non... Je me suis rangée rapidement sur le côté, juste à temps entre deux gros camions, puis le moteur s'est éteint et s'est mis à fumer. On a dû remorquer ma voiture, je te savais inquiet mais ne pouvais réellement te rassurer. Je ne savais pas quand j'allais arriver en lieu sûr.
On m'a conseillé de louer une voiture pour poursuivre mon voyage, la mienne était bonne pour la ferraille: le moteur était mort. Un bon samaritain, Joe, est venu m'aider à transférer tous tes petits Beethoven dans la nouvelle voiture...
Je suis ensuite repartie vers ma destination. Non sans peine, car arrivée aux douanes j'ai été arrêtée dans mon vol, oui, au passage au-dessus des eaux bleues clair chatoyantes du Blue Water Bridge je me sentais dans un réel élan vers une aventure excitante... Mais ils m'ont coupé les ailes... J'ai dû rebrousser chemin pour régler quelques papiers.
Éreintée, comme tu le sais mon amour, après cette longue et éprouvante journée, loin de mon île sur laquelle me réfugier, je me suis assoupie dans un lit canadien tout duveteux avant de poursuivre ma route.
Le lendemain, une série de défis m'attendaient. Et au moment où je croyais devoir rebrousser chemin pour de bon, perdu dans cette horde de chiens de gardes qui jappaient sans pourtant même jeter un oeil sur ma compagnie de petits génies... Je décidai que Non! Cela suffisait et que je continuerais mon chemin. J'ai été persuasive, tu n'en doutes pas, n'est-ce pas? Alors j'ai enfin filé pour conduire la horde de musiciens vers sa destination.
Et me voilà, après avoir fait connaissance avec mes hôtes, Catinca et George, après avoir déballé tes oeuvres, installé Beethoven sur un lit de velours le visage vers la salle pour écouter dès demain ses propres compositions...
Je me suis installée à mon tour, dans une toute petite chambrette, somme toute confortable, et je t'écris.
Ce qui est amusant, c'est que la chambre que l'on m'a donnée a pour seule décoration un tableau rouge où est peint un coeur et où il est écrit: "And the greatest of these is Love".
With all my love, good night darling,
Je sombre dans le sommeil et espère t'y rejoindre.
Ton île,
Mel
"And the greatest of these is Love"
[6 septembre 2013, 2:08 am, Chicago]
Cher amour,
Le départ fût hâtif: 5:30 du matin, le 4 septembre. De St-André-Avellin vers Chicago, seule, enfin pas tout à fait. En compagnie de plusieurs centaines de Ludwig van Beethoven sous toutes ses coutures, créés de tes douces mains... Nous avons à peine eu le temps de partager un café, ce petit rituel que nous aimons tant!
Le soleil levant sur Ottawa, puis l'audace de l'urbaine Toronto m'ont sourit au passage. La route était belle et j'étais enthousiaste. Puis cahot, presqu'arrivée à London, Ontario, j'entends un bruit étrange dans le moteur. Tout bascule à compter de ce moment. Un morceau du moteur se détache et roule sous ma voiture, je croyais avoir perdu une roue, avoir une crevaison, mais non... Je me suis rangée rapidement sur le côté, juste à temps entre deux gros camions, puis le moteur s'est éteint et s'est mis à fumer. On a dû remorquer ma voiture, je te savais inquiet mais ne pouvais réellement te rassurer. Je ne savais pas quand j'allais arriver en lieu sûr.
On m'a conseillé de louer une voiture pour poursuivre mon voyage, la mienne était bonne pour la ferraille: le moteur était mort. Un bon samaritain, Joe, est venu m'aider à transférer tous tes petits Beethoven dans la nouvelle voiture...
Je suis ensuite repartie vers ma destination. Non sans peine, car arrivée aux douanes j'ai été arrêtée dans mon vol, oui, au passage au-dessus des eaux bleues clair chatoyantes du Blue Water Bridge je me sentais dans un réel élan vers une aventure excitante... Mais ils m'ont coupé les ailes... J'ai dû rebrousser chemin pour régler quelques papiers.
Éreintée, comme tu le sais mon amour, après cette longue et éprouvante journée, loin de mon île sur laquelle me réfugier, je me suis assoupie dans un lit canadien tout duveteux avant de poursuivre ma route.
Le lendemain, une série de défis m'attendaient. Et au moment où je croyais devoir rebrousser chemin pour de bon, perdu dans cette horde de chiens de gardes qui jappaient sans pourtant même jeter un oeil sur ma compagnie de petits génies... Je décidai que Non! Cela suffisait et que je continuerais mon chemin. J'ai été persuasive, tu n'en doutes pas, n'est-ce pas? Alors j'ai enfin filé pour conduire la horde de musiciens vers sa destination.
Et me voilà, après avoir fait connaissance avec mes hôtes, Catinca et George, après avoir déballé tes oeuvres, installé Beethoven sur un lit de velours le visage vers la salle pour écouter dès demain ses propres compositions...
Je me suis installée à mon tour, dans une toute petite chambrette, somme toute confortable, et je t'écris.
Ce qui est amusant, c'est que la chambre que l'on m'a donnée a pour seule décoration un tableau rouge où est peint un coeur et où il est écrit: "And the greatest of these is Love".
With all my love, good night darling,
Je sombre dans le sommeil et espère t'y rejoindre.
Ton île,
Mel
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